Haute-Pointe (2e)

17 août 2019

Il semblerait que l’année 2018 fut une année de conquête de mes premiers sommets (Haute-Corde, Arpelistock et Pic Chaussy), mais également une période d’échecs, de frustrations (Haute-Cime, Schwarzhorn et surtout Haute-Pointe). Bien que l’abandon des deux premiers sommets fut les conséquences d’un manque de condition physique et de l’abondance de la neige, l’échec de la Haute-Pointe était une question de timing (et peut-être d’assurance en solo). C’est ainsi, qu’en ce mois d’août 2019, j’ai décidé de m’octroyer tout le temps nécessaire…

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Du temps et de l’assurance donc. Le premier facteur fut assez simple à gérer puisque je me suis organisé à ce que ma femme garde nos filles, sans avoir besoin de les rechercher à la crèche avant que celle-ci ne ferme (c.f. récit ici). De plus, j’ai mis le réveil sonner tôt (4h) afin de commencer mon ascension depuis Pont-de-Nant relativement tôt. Concernant le second facteur, l’assurance, je me suis rendu dans des salles de grimpes hebdomadairement pour gagner en confiance, en technique et tactique. L’entrainement en bloc m’a permis de me concentrer particulièrement sur la précision afin d’éviter toute chute. J’ai pu rapidement progresser, ce qui m’a permis de passer des voies en têtes de niveau 6a/6a+ à vue. J’ai croché sur du 6c, mais ne suis plus trop loin de passer cette difficulté. C’est exactement ce dont j’avais besoin pour me lancer à la conquête des derniers 80 m de la Haute-Pointe dont je fais le récit ici.

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Haute-Pointe (2422 m)

- Distance : 12,42 km

- Dénivelé : 1184 m

- Durée : 5h47

Pour l’ascension de cette face de 650 m de haut, j’ai suivi, cette année, directement l’éperon que je devais contourner. La pente était tout de suite plus raide que l’année passée, mais au moins, je ne perdais pas l’objectif de vue et évitais de me mettre dans des conditions compliquées pour rejoindre cet éperon. J’avais oublié à quel point la montée était longue et exigeante. Je suis tout de même parvenu au même endroit que l’année précédente avec, cette fois, du temps devant moi et de l’assurance comme seul tapis de sécurité. En effet, alors que j’entamais la montée de cette dalle, j’ai pu confirmer que la chute ne pardonnerai pas, comme je l’avais pressenti et, curieusement, j’ai instantanément pu me rendre compte que je n’aurai aucun problème pour la gravir. Là n’était effectivement pas le problème. Alors que j’escaladais cette paroi, l’idée de la désescalade m’a bien traversé l’esprit. C’est là que les perspectives de chutes me paraissaient le plus probable. Pendant l’ascension, j’ai pu constater que les prises étaient bonnes au niveau de la préhension et de la stabilité, j’ai donc décidé de me rendre jusqu’au sommet en sachant, qu’avec de la prudence, le retour devait passer sans trop de problème. Si je devais coté ce passage d’escalade, je dirais que c’est un passage en 3b+/3c en solo.

Puisque j’ai pu écrire ce récit, c’est que j’en suis revenu, non sans quelques frayeurs. Une prise main droite a lâché au début de la descente. Heureusement que mes trois autres points d’appuis étaient solides. Un des derniers pas, pied droit, était très bas pour ma petite taille, mais j’ai fait confiance à l’effet de dalle pour le descendre aller chercher la prise avec le genou gauche à la hauteur de mon thorax. Ça a passé. Quelles sensations ! Celle qui, vraisemblablement les dominera toute, comme souvent, c’est celle du privilège d’avoir été accepté par la montagne en son sein.